La filière cacao est l’avenir du Port de Kribi

D’ici peu, nous procèderons à une évaluation de l’ensemble de ces mesures et nous nous ajusterons en conséquence.


Bako HAROUNA

Outre le lancement effectif des opérations commerciales au Port de Kribi, l'année 2018 a été marquée par une offensive du PAK sur les filières de croissance, avec notamment la tenue de deux séminaires importants dont un sur le bois et un autre sur le café-cacao. Quel bilan faites-vous de ces actions ?

Au vu de l’engouement suscité par ces deux évènements, le bilan ne peut qu’être satisfaisant. Vous avez noté la forte implication des acteurs venant à la fois du public et du privé. Je voudrais pour cela exprimer la gratitude de la Direction Générale à l’endroit de toutes les administrations qui nous ont accompagné à l’occasion de ces deux séminaires pour leur disponibilité et surtout pour la pertinence de leurs contributions. Je voudrais également saluer les entreprises et autres organisations impliquées dans le développement des filières de croissance que sont le bois, le cacao et le café pour la confiance qu’elles investissent dans notre infrastructure. Je reste convaincu que seule une synergie public-privé est le gage de la croissance continue et soutenue des essences de bois et des graines de cacao et de café plantées à l’occasion de ces deux évènements. Je peux surtout vous garantir que le Port Autonome de Kribi fera ce qui est attendu de lui, notamment la mise en œuvre de toutes les conditions pour la fluidification du passage de la marchandise, à des coûts compétitifs.

 

Pourquoi vous semble-t-il important que le Port de Kribi préempte l'activité portuaire générée par ces filières de croissance ? Qu'apportent-elles au Port ?

Un port est avant tout une interface entre la terre et la mer. Pour assurer efficacement cette interface il faut de la marchandise, donc du trafic. Pour le compte de l’année écoulée, nous avons traité un total de 224 567 tonnes de bois à l’export. Il s’agit des billes de bois et des autres dérivés que sont le bois débité et la biomasse. Les principales destinations de ces produits sont la Chine et le Vietnam. Ces produits ont représenté 96% de nos exportations par le Port de Kribi. La filière cacao-café fait son bonhomme de chemin. Elle a représenté 03% de nos exportations pour l’exercice dernier, principalement vers la France. Je reste convaincu que les actions entreprises par les uns et les autres nous permettront de relever considérablement ce pourcentage. Au total ces deux filières de croissance représentent 99% de nos exportations.

 

Comment caractérisez-vous l'activité commerciale qui a eu lieu sur l'infrastructure sur cette année 2018 ?

Je pense qu’elle peut être qualifiée de très prometteuse. Avec la mise en service de notre infrastructure le 02 mars 2018, et dans une approche commerciale dynamique, nous avons progressivement imprimé dans les agendas de nos partenaires le fait que la destination Kribi était une destination crédible. Pour cela, nous avons enregistré 263 599 tonnes à l’import et 6 262 388 tonnes à l’export, avec 18 % de marchandises conteneurisées, 79% de vrac liquide et 03% de vrac solide. Nous avons accueilli 262 escales avec une moyenne de 22 escales mensuelles, à raison de 78% pour l’onshore et 22% pour l’offshore. Je voudrais profiter de l’occasion pour encourager toutes nos équipes et les inviter à redoubler d’efforts afin qu’au terme de cette exercice ces statistiques soient considérablement améliorées.

 

Ce lancement d'activité commerciale a aussi été marqué par un accroissement du trafic de poids lourds en direction de Mboro - et, ainsi, une augmentation significative du taux d'accident : comment entendez-vous remédier à cette inquiétante situation ?

L’une des vocations principales du Port de Kribi est la desserte de notre hinterland. Je pense aux autres régions du Cameroun, mais également à nos voisins n’ayant pas de façade maritime comme le Tchad, la Centrafrique et une partie du nord du Congo. En attendant le développement de tous les maillons du transport multimodal que sont principalement le terrestre, le ferroviaire et le fluvial, nous restons tributaires de la route et donc du camion poids lourds pour nos opérations de post et préacheminement des marchandises en direction ou en partance du port. Effectivement, nous avons noté une corrélation entre l’accroissement du trafic et l’augmentation du taux d’accident. Bien évidemment cette problématique doit être abordée dans une approche multi acteurs. C’est la raison pour laquelle nous avons pris les devants en nous rapprochant à la fois de l’autorité administrative et des autres maillons de la chaîne de la sécurité routière. A la suite de plusieurs réunions de concertation, des mesures ont été prises, notamment la sensibilisation des chauffeurs et des populations. J’en veux pour preuve la présence des affiches dans presque tous les points importants de la ville. D’ici peu, nous procèderons à une évaluation de l’ensemble de ces mesures et nous nous ajusterons en conséquence.

 

On voit aussi que depuis le lancement de ces opérations, en particulier sur le terminal polyvalent, seul le bois a été développé comme activité, significativement ? Ne craignez-vous pas que le PAK ne demeure finalement longtemps prisonnier de ce seul produit, du moins sur son terminal polyvalent ?

Dans une précédente prise de parole je vous avais fait état de ce que le Cameroun était un concentré de filières de croissances ; je pense à l’agriculture, aux services, aux hydrocarbures, aux mines, au BTP, etc. En préparation du démarrage de l’activité commerciale le 02 mars 2018, nous avons tenu, les 15 et 16 février dernier, un premier séminaire sur « la vulgarisation des procédures de passage des marchandises ». Cette rencontre d’un caractère général a laissé la place à d’autres forums plus spécialisés. Structurer une filière demande du temps. Il est question d’identifier des partenaires, les attirer, les fidéliser et mettre en place des process. Il ne vous pas échappé que dans l’intervalle, la sous-traitance pour l’exploitation et le développement du Terminal Polyvalent a été confiée au Groupement KPMO. Nos différents services travaillent en synergie pour valoriser ce Terminal et le porter à sa pleine capacité. Nous avons commencé par le bois, puis le cacao et le café, d’autres filières suivront.

 

Vous avez mené cette offensive marketing sur le bois et sur le cacao-café : la suite devrait être quoi, quel(s) produit(s) ?

Comme je viens de vous le dire, l’approche retenue par la Direction Générale est une approche offensive. Après le bois, le cacao et le café, plusieurs chantiers sont à l’étude. Je pense au coton. M. le Président de la République ayant inscrit le septennat qui s’annonce sous le signe des grandes opportunités, il va sans dire qu’on assistera à une multiplication des grands projets et que le Port de Kribi sera au rendez-vous. Un des chantiers qui intéresse beaucoup le grand public, celui des véhicules non conteneurisés est également à l’étude.

 

De votre point de vue, l'année 2019 devrait avoir quelle teinte pour le PAK ?

Le Top Management du PAK a inscrit notre activité dans une approche dynamique en matière de commercialisation des services offerts aux navires, à la marchandise et ceux relatifs à la valorisation du domaine. Il est question, dans une démarche client, de s’adapter aux évolutions du commerce maritime en constante mutation. Il ne faut surtout pas perdre de vue la forte concurrence avec les autres ports de la sous-région. La qualité du service étant l’un de nos principaux objectifs, il nous faudra améliorer notre réponse aux demandes des usagers, ceci en relation avec nos divers partenaires. Il sera également question d’identifier les niches de croissance et les niches de recettes favorables à l’augmentation du trafic.

Cette approche dynamique se manifestera également dans la démarche managériale, à travers la mise en place de nouveaux outils permettant à chaque unité de travail d’atteindre sa pleine capacité de production. Bien évidemment, les activités de renforcement des capacités de notre personnel se poursuivront. Je voudrais attirer l’attention de ce personnel sur l’opportunité que nous avons à être les pionniers de l’un des principaux vecteurs de la croissance de notre pays. C’est donc à chacun de nous de laisser une empreinte positive à cette belle histoire que nous écrivons ensemble.