Avec la deuxième phase, nos rêves sont plus grands
Selon le directeur général de Kribi Polyvalent Multiple Operators (KPMO), la seconde phase du port devrait permettre à l’opérateur de terminal polyvalent de bénéficier du linéaire de quai actuel qui est de 615 m, ce qui permettrait de passer à trois postes à quai pour l’accueil des plus grands navires
Quelques dix mois après le lancement des opérations commerciales au Port de Kribi, dont KPMO est l'un des principaux acteurs, quel bilan d'étape faites-vous après quelques dix mois de fonctionnement de ce port ?
Dix mois de fonctionnement dans la vie d’un port, c’est évidemment très peu pour tirer des conclusions de nature à infléchir les grandes orientations de son exploitation. Néanmoins, ces dix mois peuvent permettre d’avoir un peu de recul sur l’exploitation de ce qui, il y a moins d’un an, était encore un projet piloté. De cette période, l’on va évidemment tirer quelques points de satisfaction et des points à améliorer. Ces derniers se situent sur le plan opérationnel à savoir : la coordination de l’exploitation entre les parties prenantes sur les deux terminaux, qui en raison des contraintes intrinsèques de la première phase, telles que la limite du quai, doivent impérativement travailler davantage de concert, dans l’intérêt de chaque partie ; une meilleure communication entre l’Autorité portuaire, le PAK et les parties prenantes, avec la multiplication des rencontres multipartites hebdomadaires ; une meilleure coordination de l’action commerciale, afin d’accroître la diversification du trafic sur le Port de Kribi.
Cependant il existe aussi de nombreux points de satisfaction : le nombre de navires manutentionnés sur le Port, au-delà de 175 navires tandis que l’on prédisait dans le meilleure des cas 100 navires pour ce premier exercice ; des conditions de sécurité respectées conformément aux exigences du code ISPS ; une prise en main immédiate des postes de travail par les employés et dockers ; des cadences culminant à 2600 mètres-cube/jour, notamment sur le Terminal Polyvalent, avec des moyens techniques limités, fait qui illustre encore s’il en était besoin de la dextérité des ressources humaines ; c’est également une relation très cordiale entre l’Autorité portuaire et les parties prenantes.
Sur les cinq mois d'activité qui concernent spécifiquement le Terminal polyvalent dont vous avez la gestion plus de 100 000 m3 de bois ont été manutentionnés : quelle sont les principales caractéristiques et évolutions du trafic bois ?
En effet, vous faites bien de noter que sur les cinq mois d’activité plus de 100 000 mètres-cubes de bois en grumes ont été manutentionnés, avec une évolution variable. Nous aurions pu faire nettement mieux si les conditions opérationnelles et météorologiques étaient plus favorables. Cela augure des lendemains meilleurs pour l’activité spécifique du terminal polyvalent pour l’exercice 2019 d’autant plus qu’elle concernait exclusivement l’exportation du bois en grumes. Des négociations sont en cours avec certains opérateurs de la filière bois débité qui devraient permettre une évolution significative du trafic bois.
Êtes-vous surpris par cette espèce d'engouement autour du Port de Mboro? Comment l’expliquez-vous ?
L’engouement pour le port de MBORO, ne peut surprendre le « vieux docker » que nous sommes, car pour qui connait bien les places portuaires camerounaises, le Port de Mboro constitue LA REPONSE apportée par le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, au problème de vétusté des infrastructures existantes posé par les acteurs portuaires du Cameroun, une réponse qu’il convient de saluer ici. On est donc en droit de s’attendre à une plus d’engouement dans les mois à venir, après cette période d’observation durant laquelle le Grand public s’interrogeait encore sur l’effectivité du fonctionnement du Port de Mboro.
Après ces dix mois d'observation, que considérez-vous réellement aujourd'hui comme les atouts du Port de Kribi ? Sur quoi peut-il donc et doit-il donc fonder ses avantages compétitifs, notamment sur la partie polyvalent dont vous avez la charge ?
Nous ne vanterons jamais assez les conditions nautiques exceptionnelles qu’offre le terminal polyvalent du port de Kribi aux différents armateurs et usagers qui choisiront sa destination, avec un tirant d’eau de -18 mètres par marée, un entrepôt de 5 000m2, un terre-plein central de 4 hectares, permettant une manutention-terre de qualité, avec des grues mobiles, du matériel roulant de levage performant, lorsque l’on sait que ces conditions représentent le deuxième tiers de la décision des armateurs d’accoster sur un port. Le Terminal polyvalent du Port de Kribi c’est également des cadences moyennes de plus de 2000m3/Jour dans des conditions normales d’exploitation. Ces deux premières conditions entrainent une troisième qui est la fluidité du trafic maritime, contrairement à d’autres places portuaires du pays.
Certes on parle de cette profondeur : mais la petite taille du quai (seulement 265 mètres) ne constitue-t-elle pas une limite grave, voire une menace à la qualité des opérations délivrées par le terminal polyvalent en particulier ?
En répondant à votre première question, nous avons classé parmi les contraintes, la taille limitée du quai qui, a priori, ne permettrait pas d’accueillir les plus grands navires. Cette contrainte sera gommée lors de la seconde phase du projet qui devrait permettre à l’opérateur de terminal polyvalent de bénéficier du linéaire de quai actuel qui est de 615 m et qui permettrait de passer à 3 postes à quai pour l’accueil des plus grands navires. Cependant cette limite peut être nuancée actuellement par une bonne coordination entre les deux terminaux, matérialisée par l’assouplissement de la frontière qui les sépare, en cas d’opération « hors norme ». Cet assouplissement existe déjà, et gomme les risques à la qualité des opérations, en attendant l’achèvement de la phase2, que nous appelons de tous nos vœux.
Comment se passe votre coopération non seulement avec le PAK mais aussi avec les autres acteurs de la place de Mboro ?
La convivialité et l’envie commune de réussir permet de faciliter les relations entre les parties prenantes et le PAK, avec pour effet de réduire les incompréhensions et intervenir rapidement et efficacement sur les « micro-crises », l’accentuation des concertations périodiques, améliorera d’avantage la coopération.
Quels sont les points d'insatisfaction sur lesquels vous nourrissez le plus d'attentes d'améliorations, pour les prochains mois ?
En effet, nous avons rencontré certaines difficultés opérationnelles qui ont impacté négativement notre production mais qui relèvent du passé maintenant. C’est le lieu de remercier chaleureusement le PAK pour son intervention opportune pour la résolution rapide de ces difficultés. Nous avons bon espoir de voir l’achèvement de la phase 2 de construction du Port, qui offrira au Terminal Polyvalent de meilleurs atouts, afin d’améliorer son offre d’accueil aux navires. Nous parions également sur une meilleure coordination entre les opérateurs des terminaux, et une accentuation de l’action commerciale pour de meilleurs résultats.
Comment vous semble évoluer le trafic général en direction du Cameroun et spécialement de Kribi, en rapport avec le port qui lui est donné pour être le plus directement concurrent à savoir Pointe Noire ?
La position géostratégique du Port de Kribi, au carrefour des principaux détroits du golfe de Guinée, font de lui, une chance pour l’Afrique Subsaharienne, et les échanges internationaux, en matière de fluidité et de sécurité. Le port que vous avez cité à ce jour concentre une grande part du trafic de la sous-région, grâce aux conditions nautiques y offertes, qui sont à peu près les mêmes que celles offertes par le Port de KRIBI, qui n’a donc rien à lui envier, et prendre toute sa part, dans le trafic de la zone dès l’achèvement de la phase 2 de sa construction.
Un certain nombre d'opérateurs semblent se plaindre des tarifs élevés de la place de Kribi : cela ne représente-t-il pas un handicap de court et de moyen terme pour la compétitivité générale du Port ?
Vous savez, la variable prix est le point de rencontre entre l’offre de service et la demande, c’est donc un argumentaire permanent entre les parties où chacun joue sa partition pour tirer meilleur avantage. Au port de KRIBI, les tarifs sont aujourd’hui fonction de la qualité de service offerte, c’est indéniable, même s’il est vrai que l’on ne devrait pas franchir le seuil prohibitif. A décharge pour l’Autorité portuaire, nous devons dire ici que des appréciations sont portées au cas par cas, pour une meilleure compréhension des clients, aucun risque donc de handicap possible.