C'est à bord du porte-conteneurs Chopin armé par CMA-CGM que sont arrivées, ce lundi 03 juillet 2023, au port en eau profonde de Kribi, 20 tonnes de résine embarquées depuis Rades en Tunisie. Aussitôt prise en main par les opérateurs logistiques et les services douaniers, la marchandise a bénéficié d’un traitement spécifique qui lui a permis d’être livrée dans des délais extrêmement réduits à Inoda Industries Sarl, le client.
La raison de cette prise en charge : cette marchandise faisait partie des produits admis au régime de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), le futur marché commun africain. Le débarquement de cette cargaison, sous le régime ZLECAF, a ainsi constitué une première. D’abord pour l’autorité portuaire locale, puisque c’était la première fois que la plateforme était impliquée dans une importation en libre-échange entre deux pays du continent. Ensuite pour le secteur Douanes Sud II qui a procédé sans aucun encombre à sa première opération de démantèlement des tarifs douaniers.
Il existe en effet dans le cadre de la ZLECAF, un schéma de démantèlement qui se présente comme suit : 90 % (5 838 lignes tarifaires) des marchandises verront leurs tarifs douaniers réduits, par tranches annuelles égales, jusqu’à leur élimination dans un délai de 5 ans pour les pays qui ne sont pas parmi les moins avancés (PMA) et de 10 ans pour les pays les moins avancés. Tandis que 7% (408 lignes tarifaires) des produits (considérés comme étant sensibles) le seront dans 13 ans pour les PMA et dans 10 pour les autres. Les 3% (175 lignes) des produits seront exclus des engagements tarifaires et ne feront donc pas l’objet de libéralisation.
Si l’opération de démantèlement des tarifs douaniers de lundi dernier est une première sur le port de Kribi, il n’en demeure pas moins que c’est depuis octobre 2022 que le Cameroun est engagé dans ce processus. Le pays avait alors effectué ses premières exportations sous le régime de la ZLECAF en délivrant aux entreprises agroalimentaires Cameroon Tea Estate et Ndawara Tea Estate, deux certificats d’origine en vue d’exporter 38,6 kg de thé camerounais vers le Ghana. Ces deux entreprises contrôlées par l’homme d’affaires Baba DANPULLO emboîtaient le pas au Gic Afatex, la première entreprise du pays à avoir exporté sous le régime ZLECAF.
L’initiative exige des États parties qu’ils délivrent les documents commerciaux, notamment les certificats d’origine et les formulaires de déclaration de l’importateur et de l’exportateur, et qu’ils veillent à ce que leurs lois et systèmes douaniers soient alignés sur les exigences de la zone de libre-échange.
Une quarantaine d’Etats africains ont formellement donné leur accord pour la mise en œuvre de cet espace économique commun. Avec un taux d’échange intrarégional inférieur à 18% contre 50% en Asie et 70% en Europe, l’Afrique va par le biais de la ZLECAF, constituer la deuxième plus grande zone de libre-échange au monde et un marché potentiel de 1,3 milliard de consommateurs.
D’après une étude de l’Union Africaine, La ZLECAF à terme permettra à l’horizon 2035 au continent africain de réduire la pauvreté de 60% et d’engranger au moins 575 milliards de dollars.
Une cargaison en provenance de Tunisie et admise au régime de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) a été réceptionnée et traitée lundi 03 juillet dernier à Kribi.