Le Conseiller technique N°1 rappelle que « le Port de Kribi est un exutoire logistique de choix » qui ouvre le Cameroun vers l’extérieur, dans un contexte de mondialisation.
Une interview récemment diffusée dans les médias Camerounais a présenté le port de Kribi, en gros, comme un éléphant blanc : pouvez-vous rassurer les Camerounais sur le fait qu'il s'agit d'un port utile et même économiquement rentable ?
En règle générale, un Port maritime ne justifie son utilité qu’à travers ses apports multiples dans le tissu économique de sa zone d’influence. Dans le cas su port de Kribi, cette zone d’attraction couvre le Cameroun, le Tchad, la RCA, Nord Congo et une partie du Nigeria. C’est une zone qui a un potentiel économique indéniable, notamment, un bassin de consommation de plus de 100 millions de consommateurs et un potentiel de production s’appuyant sur des matières premières transformables pour de marchés internationaux. Le Port de Kribi à bien des égards, en constitue par conséquent un exutoire logistique de choix, ouvrant le Cameroun vers l’extérieur dans un contexte de mondialisation. Le Port de Kribi est une des réponses du Gouvernement, qui participe à l’arrimage à ce processus qui s’impose aux nations. Je voudrais rappeler, que pour l’Afrique centrale, l’avènement du port de Kribi résulte à l’origine, d’une démarche consensuelle de plusieurs pays, laquelle est exprimée dans cette citation de S.E. Paul Biya à l’entame des travaux de réalisation de cette importante infrastructure le 08 Octobre 2011 : Kribi va devenir « l’une des grandes ouvertures sur le Golfe de Guinée, pour nous-mêmes mais aussi pour les pays frères du Tchad, de la république Centrafricaine, du Nord de la Guinée équatoriale, du Gabon, du Congo et de la République démocratique du Congo ».
Maintenant dans la mise en œuvre, de cette vision, nous avons construit une première phase constituée de deux terminaux modernes qui sont mis en service après un jalonnement complexe de construction, d’équipement, et de mise en exploitation effective.
Le Port Autonome de Kribi est donc prêt à répondre aux besoins de l’économie environnante. Pour cela, plusieurs filières de croissance susceptibles de converger vers le port de Kribi sont ciblées et auxquelles, le Port de Kribi et la Communauté portuaires logistique qui s’y implante apporteront de solutions leur permettant d’être compétitifs sur les marchés internationaux. Nous poursuivons aussi l’objectifs de réduction de la pénibilité des opérateurs économiques des pays voisins. Le Port de Kribi, déjà apporte une plus-value au trafics pétroliers de la République du THAD.
Qu'est-ce qui, dans son positionnement, rend ce port si particulier, pour le Cameroun et même le Golfe de Guinée ?
Le Port de Kribi, au démarrage de ses activités d’exploitation commerciale, se positionne comme un hub dans le Golfe de Guinée, en offrant aux navires de grand tonnage, la possibilité de de relayer à partir de ses terminaux, des trafics en provenance ou à destination des autres continents. Il permettra ainsi aux ports existant d’éviter la marginalisation dans la conquête des trafics internationaux et à notre économie d’améliorer sa compétitivité, ne fut-ce que par la vitesse des actifs circulant imprimée sur le passage des marchandises en direction ou en provenance des marchés mondiaux. L’impact économique de ce gain de temps profitent à la fois aux navires et au marchandises locales, qui gagnent aussi en termes de baisse des taux fret, induite par l’usage de navires de grandes capacités, dégageant des économies d’échelle.
Quels sont les produits en importation comme en exportation qui transiteront davantage par ce port ?
J’ai indiqué que d’après nos études, plusieurs filières économiques générant des flux de marchandises peuvent transiter par le Port de Kribi à travers un terminal à conteneurs et un terminal polyvalent. Ce dernier, comme son nom l’indique, peut capter une variété importante de marchandises issues des filières agricoles, minières, industrielles et du bois. C’est ainsi qu’au port de Kribi, nous traiteront les catégories de marchandises conteneurisées et de marchandises non emballées sur les deux terminaux, éclatées en plusieurs familles logistiques.
Ne va-t-on pas assister à une ruée du monde portuaire de Douala vers Kribi ? Quels sont les principaux éléments d'attractivité du port de Kribi, aujourd'hui ?
Je réponds sans hésitation par la négative. Les ports de Cameroun sont complémentaires. Le mode d’organisation de la desserte que rend possible désormais le Port de Kribi dès son démarrage, renforce cette complémentarité au moyen de la mise en liaison par voie d’eau des deux ports. Les Directeurs généraux des organismes portuaires de Kribi et de de Douala ont par ailleurs établis de liens de partenariat qui consolident à plusieurs niveaux, cette liaison faite de complémentarité.
En feederisant les trafics à partir du Port de Kribi, il y un avantage pour les chargeurs camerounais qui recevaient jadis des conteneurs transitant par des ports hors-CEMAC à partir des ports Angolais ou de ceux l’Afrique de l’Ouest. Les trafics véhicules et autres matériels roulants par exemple, qui subissaient des vols dans certains ports, seront désormais acheminés directement au Cameroun dans l’un des ports, les plus l’Afrique. C’est clair que pour ce trafic et d’autres, si les escales directes des lignes maritimes régulières sur le Cameroun, sont désormais possibles parce que l’écueil des profondeurs pour les navires est définitivement levé, leur accueil dans un port sécurisé comme Kribi, disposant d’un système de manutention mécanisé moderne permettra la protection accrue de facultés transportées. Ce qui va constituer un avantage pour nos deux places portuaires en activité.
Vous parlez beaucoup de dématérialisation des procédures : de quoi s'agit-il ?
La dématérialisation des procédures est un des processus clefs la facilitation du commerce transfrontalier dans lequel le Port de Kribi, s’invite comme un maillon de la chaine logistique des filières de croissance évoquées plus haut. Un maillon qui la particularité de réunir plusieurs activités permanant le passage de la marchandise et un traitement rapide des navires commerciaux. Ces acteurs doivent interagir et échanger entre eux d’une part et mais agir aussi sur le processus de passage physique qui se superpose à plusieurs autres flux, dont notamment les flux d’informations. La dématérialisation des supports qui accompagnent les marchandises est utilisée dès lors, pour rendre plus fluides et sécurisables ces flux d’information, au moyen de l’utilisation accrue des ordinateurs en réseau entre plusieurs acteurs portuaires et d’une plateforme électronique unique. Cette dernière a pour rôle de réduire les points d’accès des usagers aux dispositifs intégrés de dédouanement et des formalités administratives. Il en est de même pour le paiement des droits et taxes douanière et des prestations rendues par les membres de la Communauté Portuaire toute entière. Nous les exhortons tous, à tenir ce cap qui permet à terme d’améliorer notre positionnement à l’échelle « doing business ».
Mais ce qui convient de retenir, ce que la dématérialisation, n’est pas une fin en soi. Elle doit s’inscrire dans une démarche globale qui consister à expurger du port au préalable, toutes les procédures sans valeur ajoutées ou redondantes. De même, nous encourageons tous les acteurs à se structurer et à former massivement leurs personnels, qu’ils soient privés ou publics. Ce sont là d’ailleurs de orientations fortes de notre Ministre de Tutelle et de notre Conseil d’Administration, constamment relayées par Directeur General du Port Autonome de KRIBI. Un des actes majeurs confirmant ce que je dis est la création d’une direction des systèmes d’information au PAK en charges avec les Directions métiers de mettre en œuvre un plan d’action spécial. Nous comptons pleinement assumer le leadership de l’excellence opérationnel et de la fluidité du passage portuaire.